Appelez-Moi Blédarde...

14.2.13


Osez la blédardise, blédard is the new Cool!


« Mais Elle c’est trop une blédarde! » Ai-je entendu dire...
 Ah bon? Mais au juste, qu'est-ce donc un "blédard" ?



De source Wikipédia, ce serait un mot issu de l'argot militaire. Après avoir été lié à la période coloniale, il serait actuellement revendiqué comme synonyme de « issu de l'immigration » - sans blague? par qui ? -.

« Celui qui vient du bled au sens propre et au sens figuré qui veut dire imbécile, débile.. » définition postée par un internaute sur un site beaucoup moins crédible mais qui traduit néanmoins cette connotation négative du terme et souvent camouflée - assez mal dois-je notifier - par un sourire. Mais c’est à ne pas s’y tromper la connotation commune est bien péjorative. C’est un sujet de moquerie tout comme le terme : Niafou, mais cela est un autre débat.

En ce qui me concerne le blédard est solidement ancré dans sa culture et sait d'où il vient. Ne dit-on pas "on ne sait où l'on va si on ne sait d'où on vient" ?

Alors si être fière de mes racines, de ma culture et de mon histoire fait de moi une blédarde alors appelez moi BLEDARDE, mais soyez conscients de votre tort ! Notre histoire fait de nous ce que nous sommes, nous permet d'être authentique, de construire et nous ancrer notre identité propre. Voilà une analyse bien basique qui n’en est pourtant pas moins vraie.



« L'ethnologie mène partout à condition d'en revenir. » Jacques Lacarrière


On nous rabâche d'ailleurs depuis deux ou trois ans que "l'Afrique c'est le futur". Le vieux continent a encore tellement d'horizons à explorer et comme le disait ma tante :"Tout est à faire et à refaire et en cela ça ne peut qu'être challengeant". Devant des enjeux aussi grands il nous revient donc d'utiliser nos richesses et d'accepter notre culture plutôt que de nous calquer sur des modèles extérieurs qui ont déjà montré leurs limites.

Débarquée de mon Cameroun natal, je m’intéresse depuis peu à la question identitaire de l’immigré ou encore l’expatrié. Comment se construit t-il entre son pays d’origine et son pays d’adoption ?
Je vous recommande de lire ce texte assez court et qui traite de façon claire la question: http://dcalin.fr/textes/identite.html







Ce qui m’interpelle le plus c’est l’enfant de cet immigré qui se retrouve coincé entre deux sentiments d’appartenance, deux communautés et parfois deux visions assez différentes.

En effet revenons à la question identitaire de l’individu. L’être humain a tendance de par sa volonté très forte de s’affirmer, à penser qu’il est seul décideur de Qui il est. C’est la certaine part de l’inné. La dimension sociale de la construction de l’identité est quand même beaucoup plus importante.  Il y a donc ces deux catégories de blédards :

      Ceux qui ont un déni  très fort de leurs traditions, on les appelle couramment les Bounty - noirs à l'extérieur et blanc à l intérieur - ça me fait toujours rire.

       Ceux qui ont la rupture migratoire très forte ; ils refusent complètement de s’intégrer aux codes du pays d’accueil, les « vrais » blédards ! En général les plus moqués. Doit-on leur en vouloir ? Ils idéalisent leur patrie, ils sont certainement très ancrés dans leurs traditions, histoire et coutumes.  Dans un certain sens, ils sont admirables de ne pas se laisser porter par le progrès et les évolutions migratoires.

« Tu es même quel genre d’enfant ? Tu ignores ton histoire, où crois-tu aller ? » 
disent souvent mes tatas - j’espère que je ne suis pas un cas isolé - alors maintenant  j’essaie, je m’instruis je cherche à comprendre, je fais preuve de curiosité.

C’est tout ? 

Et bien non! Il y a ces gens là que j’appelle les « entre-deux », ceux qui ne peuvent se situer : Les « Moi ». Un coup tu es avec des amis Bounty ou des natifs, ils t’appellent blédarde, en communauté on t’appelle l’intégrée. Tu apprends à naviguer, à t’adapter à ton environnement ! Tu dois toujours te justifier, car le jugement est bien clair. Le rejet est tout aussi clair.
Etant résidant dans un environnement, il semble essentiel de s’adapter aux codes de son pays d’accueil. Mais où se trouve la limite ?
 Il me semble encore plus important de s’ancrer dans ses racines pour se construire et se diriger dans la vie.

Au risque de me répéter : si être fière de mes racines, de ma culture et de mon histoire fait de moi une blédarde alors appelez moi BLEDARDE!

Session Danse la  blédarde qui s'assume.


Et parce que je ne peux parler de blédardise sans mentionner Blingcool , Ce meilleur blédard. Blogger franc, entrepreneur, drôle et avec une bizarre addiction pour le poulet et les frites de plantains mûrs -je rigole le plantain c'est la vie Man - et surtout il incarne bien ce principe de la blédardise assumée. Certains auront sûrement reconnu son expression en début et sa vidéo.

Son tumblr que vous pouvez retrouver ici est absolument à se tordre de rire. Je vous le conseille.

Jill.

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5 commentaires

  1. J'ai adoré lire ton article! tout y est dit. Je me sens exactement comme toi, je cherchais à écrire un article dessus mais voilà tu l'as fait de manière très explicite.

    Bledard is the new cool ahah je n'arrête plus de le dire, et faut le dire on s'amuse mieux avec les bledard

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    Réponses
    1. Merci beaucoup ! désolée de t avoir devancée, à charge de revanche ^_^ ! "on s'amuse mieux avec les blédards" j'adore!!! c'est très vrai .
      A bientôt

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  2. j'ai adorée ton article!!! tu as exprimée ce que je pensais depuis un bon moment!!!:) des bisous sucrés!!!:)

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  3. Vraiment un texte sympa sur l'identité pour une Noire de France ;)

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